Throwback Thursday Thunder : pro lifers shame

Publié le 07 mars 2024 par Pomdepin @pom2pin

En cette veille de la journée pour les droits des femmes et après l'inscription de la liberté d'IVG dans la constitution, je ressors une colère contre les soi disants " pro Lifers ". Parce que, comme l'a remarquablement rapelé le sénateur Mahuret (si vous n'avez pas encore vu son discours, je vous y encourage vivement, sans parti pris politique), 40% des femmes dans le monde vivent dans des pays où l'avortement est interdit et ça empire.


Il y a longtemps, je vivais donc dans un pays où l'avortement était illégal, complètement. Du coup, les médecins ne faisaient pas d'échographie au premier trimestre de grossesse, pour ne pas encourager les femmes à aller se faire avorter ailleurs, de l'autre côté de la mer d'Irlande. On n'avait la première échographie qu'après que le délai légal soit dépassé en Angleterre, dans le deuxième trimestre.

Du coup, sans échographie, impossible de savoir si il y a un problème, si la grossesse, voulue, se déroule normalement, si il n'y a pas un danger. Impossible de savoir que ça n'est pas une grossesse viable, qu'il n'y aura jamais de bébé, qu'on fait juste courir des risques considérables à la santé d'une femme, pour rien. A la différence des irlandaises, j'ai eu la chance de partir en vacances dans la famille, en France où j'ai été prise en charge presque par hasard, puisque je pensais que tout allait bien. Le curetage et autres joyeusetés qui ont suivi, ont, je crois, été bien plus traumatisants, à plus de 4 mois de grossesse (quand on pensait déjà prénom et chambre de bébé), que ne l'aurait été un avortement thérapeutique dès le début, pour j'insiste, une grossesse qui n'était pas viable. Par contre, sans le savoir, je suis restée avec des tissus morts à l'intérieur de moi pendant quelques jours, et ça, j'en ai fait des cauchemars pendant longtemps. J'aurais pu aussi avoir une infection, des lésions graves, et d'autres complications que je n'ai pas eu le courage d'écouter. Je me suis juste raccrochée au fait que j'avais eu " de la chance ", que ça avait été pris à temps, que je pourrais avoir d'autres enfants.

On est reparti et Maricheri a failli faire bouffer mon dossier au médecin qui nous a expliqué qu'en Irlande (à l'époque), on ne faisait pas comme ça. On laissait faire. On m'aurait laissé, sans soin, à attendre que ça passe tout seul. Ou pas donc. Avec tous les risques que ça comportait. Et bien aujourd'hui, alors que l'avortement est maintenant autorisé en Irlande, certaines américaines n'ont plus cette chance. On préfère les voir crever en pleine fausse couche plutôt que d'intervenir, au nom du " respect de la vie ". Elles effacent frénétiquement tout leur historique de recherche, les apps pour compter les jours de règles, toutes les apps de santé même. Elles utilisent des noms de code pour désigner des choses tout à fait naturelles. Elles doivent se méfier des médecins, des proches, des voisins. Parce que non seulement on interdit l'avortement, tous les avortements, mais on récompense ceux qui les dénoncent. On en est là. En 2024, dans un pays qu'on croyait évolué, les femmes sont obligées de se cacher, d'utiliser des ruses qu'on croyait réserver à des mouvements clandestins de résistance, juste pour préserver leur santé. C'est effroyable.

Et pour les pro Life qui passeraient par hasard par ici, déjà fuck off, et ensuite, c'est grâce à l'intervention des médecins français que j'ai eu 4 enfants par la suite (L'Adulte était déjà là). En laissant se poursuivre une grossesse non viable, ils auraient donc empêché la naissance de 4 enfants qui vont très bien merci. C'est pro Life ça?