La solde de l’archiduc – Deià

Le prince autro-hongrois était l’héritier d’une des plus grandes richesses d’Europe. À Majorque, tout le monde le connaissait sous le surnom d’Archiduc. C’était un homme agité et curieux, chargé d’idées intellectuelles et artistiques, amoureux de la mer Méditerranée et surtout d’un petit coin qui devint sa maison ; s’Estaca, à Valldemossa. Il aimait le paysage de l’endroit, marchant le long de la colline, atteignant le rocher de sa Foradada.
Par une chaude matinée, après la promenade, l’archiduc était pressé de rentrer chez lui. En chemin, il aperçut un charretier. La charrette s’était renversée, la mule avait glissé, le chargement de bûches s’était dispersé. L’homme transpirait en essayant de soulever la charrette, la mule, de ramasser le bois de chauffage…, mais il n’y parvint pas, c’était trop lourd pour un seul homme. L’archiduc, qui avait l’habitude de s’habiller comme un pauvre paysan, s’approcha et proposa son aide. A eux deux, ils soulevèrent la charrette et la bête. Le charretier, désormais plus calme, essuyait sa sueur pendant que l’archiduc souriait. Ensuite, le charretier a sorti de sa poche une pièce de quatre cents.
– Prends cet argent et bois quelque chose. Et merci beaucoup pour le service !
Il le ramassa sans cesser de sourire. En arrivant à s’Estaca, l’archiduc demanda une marque. Il a mis les quatre pièces à l’intérieur et, en dessous, il a écrit :
“Pour la première fois, j’ai gagné cet argent en travaillant.”
C’était l’argent qu’il avait le plus apprécié tout au long de sa vie, gagné à la sueur de son front.
Même aujourd’hui, si vous allez à Son Marroig, vous verrez la pièce.